La parfaite autre chose
Fernanda Garcia Lao
Éditions La dernière goutte
« J’étais assis devant le miroir, occupé à maquiller son visage de jolie femme lorsque le téléphone a sonné et qu’un homme m’a dit « monsieur » alors que je ne me rappelais plus être du sexe masculin… » Voilà une façon parmi d’autres de donner le ton d’un roman qui sans forfanterie ni fatuité n’en est pas moins inclassable. Roman polyphonique, d’après l’éditeur, dans lequel Fernanda Garcia Lao mène l’enquête et revisite, en donnant corps à des personnages brûlants de paradoxes et de désirs, le thème du fruit défendu. À mon sens, un roman d’une impeccable plasticité où le langage est aussi malléable que les identités familiales, sexuelles ou professionnelles. Ce qui occasionne un polymorphisme linguistique et narratif de tous les instants et amène l’histoire à se remodeler sans cesse comme se reforment après impact les personnages de certains dessins animés. On est ici dans un domaine proche de l’infini des contes, où le moindre détail indique une voie nouvelle vers un avatar de possible récit. Lire Fernanda Garcia Lao, qui vient de publier chez Seix Barral « Amor Invertido » (Amour inverti), un livre écrit à « deux mains » et non « quatre » (eh oui…) avec Guillermo Saccomanno, c’est pénétrer dans l’improbable royaume d’un univers fantasmatique sans limites recensées. Ça ne sera pas confortable pour tout le monde mais défendrions- nous une autre littérature que celle-là ?
David Besschops
Article paru dans Filiatio #21 – novembre/décembre 2015, abonnez-vous ou téléchargez gratuitement ce numéro.