Première comparution

" En août 2013, après six ans de séparation et l'établissement d'une garde six jours/huit jours homologuée par une convention de médiation, sous prétexte que j'avais reçu par erreur la part d'avantage fiscal lui revenant (les impôts me l'avaient reversée par erreur), le père de Louise a introduit une requête au tribunal pour rendre cet hébergement parfaitement égalitaire. Afin d'éviter un jugement par défaut, je me suis donc rendue à  une première comparution au tribunal. Lui n'était pas présent. À la seconde audience, par contre, il était là . Plutôt que de trancher, le juge nous a renvoyé dos à  dos en nous intimant de réévaluer ensemble l'intérêt de notre enfant. La situation en resta là  et je lui ai transféré l'argent qui lui revenait. D'un côté, j'étais soulagé que les problèmes se règlent mais par ailleurs, je me demandais ce que nous avait apporté ce passage au tribunal, excepté le fait de comparaître devant un magistrat.

L'alternance à  tout prix

En décembre 2014, la grand-mère paternelle de Louise - qui était en mésentente avec son fils - introduit une requête à  son tour, celle-ci pour faire valoir son droit aux relations interpersonnelles. Cela lui fut accordé. Jusque là , n'ayant jamais été opposée aux relations entre Louise et elle, je n'y voyais aucun problème. Par contre, et c'est là  que le bât blessait, à  ma grande surprise, à  laquelle n'équivalait que mon désappointement, le temps octroyé à  la grand-mère était soustrait tant à  mes périodes d'hébergement qu'à  celles de son père... Ce qui était extraordinaire. Et affolant, surtout. Non seulement, le pourquoi on me retirait des jours avec ma fille pour les donner à  la mère de son père demeure un mystère mais imaginons que mes parents m'aient également demandé pour voir leur petite-fille, quelle plage horaire me serait-il resté pour être mère ? À croire que les juges ne font plus que dans l'alternance, sans se soucier des contextes ou de la réalité des gens en présence. Ils se sont rigidifiés dans la flexibilité. Pour le reste, l'avocate qui représentait Louise au tribunal et a qualifié le jugement d'" ubuesque1 " n'a pas eu plus que moi la conviction que les droits de ma fille étaient véritablement défendus. J'ai donc pris la décision de faire appel au jugement qui avait été prononcé.

Désintérêt paternel

En janvier 2015, bien qu'il ait précédemment (août 2014) introduit une requête pour ne récupérer, somme toute, qu'un jour, puisque nous bénéficiions d'un hébergement 6/8, sous prétexte d'horaires de boulot incompatibles avec ceux de la garderie, le père de Louise a commencé à  montrer des difficultés (manques de ponctualité chroniques) à  prendre sa part dans l'organisation de son hébergement et à  me laisser entendre que, pour des raisons le concernant, il était en réalité insatisfait de la convention établie en médiation quelques années auparavant. Au point qu'après des semaines de tergiversations et de désistements de ses fonctions paternelles, pratiquement du jour au lendemain, il ne sut plus aller chercher Louise à  la garderie ni la prendre chez lui. En revanche, il me demanda que je le supplée dans son rôle éducatif et qu'il me recontacterait dès qu'il serait en mesure d'à  nouveau l'assumer. Ce qu'il n'a jamais fait. Le plus grave étant qu'il ne donna plus aucun signe de vie à  sa fille non plus. Ni pour prendre de ses nouvelles ni pour lui expliquer ce qui se passait.

Effet pervers de l'autorité parentale partagée

En mars de cette même année, il l'avait complètement laissé tomber et je me retrouvais sans plus savoir sur quel pied danser. Car si je retournais au tribunal, Louise qui avait été blessée par son attitude qu'elle a vécue comme du rejet, pouvait être contrainte de se rendre chez son père contre sa volonté et si je n'y retournais pas, ça pouvait déboucher sur le même résultat. Et en plus, j'aurais à  justifier pourquoi je n'appliquais ce qui avait été convenu en médiation. Or à  moi, il me semblait que dans l'urgence, il fallait s'occuper de ma fille blessée et qu'une réparation a minima était soit qu'il lui donne des explications éclairant son comportement soit qu'on écoute son ressenti. Le plus indiqué dans ces cas-là  étant de consulter un psychologue. Malheureusement, et on touche au comble de l'ironie, pour que Louise puisse s'entretenir de sa souffrance avec un psychologue, elle avait besoin de l'autorisation de celui qui la lui avait infligée, c'est-à -dire son père. Puisque nous avons l'autorité parentale partagée, je n'ai évidemment pas le droit de décider seule d'une visite chez un professionnel de cette nature.

Recours en appel

Concernant les modalités d'hébergement de Louise chez sa grand-mère, j'ai enfin obtenu gain de cause. Ce ne fut pas sans gaspillage de temps, d'argent et d'énergie. D'autant que je me suis retrouvé seule devant une cours d'appel totalement désorganisée - les autres parties n'avaient pas été prévenues... À la comparution suivante, la grand-mère a refusé de prendre à  sa charge mes frais d'avocat alors que plus tard elle m'a contactée en privé pour me proposer leur remboursement. C'était à  ne rien y comprendre sauf qu'elle usait d'un double-langage, ce qui n'est pas nécessairement rassurant de la part d'une personne qui a des contacts réguliers avec un enfant. Ceci dit, ce n'est ni le moindre ni le seul des traits de personnalité inquiétants de cette dame. Elle n'hésite pas, par exemple, à  offrir à  sa petite-fille des cadeaux dont le montant avoisine les trois cents ou quatre cents euros, disqualifiant au passage - involontairement ou non - la valeur de mes plus humbles présents mais elle s'avère incapable de me proposer une contribution financière quand je rame pour payer un appareil dentaire de deux cents euros. Cela peut sembler un détail toutefois il met en avant des caractéristiques relationnelles peu engageantes et dans laquelle je suis la seule à  réellement considérer et tenter de satisfaire les besoins et désidératas de l'autre.

Résurrection du père

Dernièrement, le père de louise est réapparut comme si de rien n'était pour réclamer son droit à  héberger sa fille au régime d'antan. Je trouve ce comportement parfaitement inapproprié : il n'envisage que ses droits parentaux qu'il entend soudainement réclamer sans s'inquiéter de savoir si ça n'est pas au détriment de l'état émotionnel actuel de notre fille qui a sérieusement accusé le coup de son lâchage. Il y a fort à  parier que sa nervosité constante et ses difficultés de concentration témoignent d'un ébranlement internes et de meurtrissures liées à  l'attitude de son père. Évidemment, en tant que maman, je ne peux que m'en inquiéter et faire l'impossible pour l'aider à  retrouver le plus rapidement possible sa sérénité. Toutefois, pour ce faire, j'ai besoin d'une collaboration pleine et entière de son papa. Ce qui exige de sa part de la maturité et une empathie suffisamment développée envers sa fille pour se mettre à  sa place et comprendre que ses derniers agissements, suivi d'un trop long silence, ont eu un impact sur son psychisme. Or, plutôt que de comporter en adulte, quand il ne pose pas en victime, il se positionne lui-même comme un enfant. Les faits parlent d'eux-mêmes. Louise ayant préféré ne pas le voir à  l'occasion de son anniversaire, en représailles il ne lui a pas téléphoné pour lui souhaiter ses voeux. Rien. Une réaction du tac au tac inacceptable de la part de quelqu'un prétendant se soucier du bien-être d'un mineur. Pour Louise, cette absence d'appel téléphonique paternel, un jour hautement symbolique, ce fut un élément de plus qui s'est ajouté à  la liste déjà  longue des choses qui désagrègent progressivement la confiance qu'elle avait en lui. À cela s'ajoute une nouvelle blessure qui vient se superposer à  toutes celles qu'elle abrite en son for intérieur et que, sans doute pour atténuer sa souffrance, elle verbalise sous forme de colère. Une colère à  son endroit que je désirerais voir diminuer car une petite fille de huit ans ne mérite pas d'être rongée par une émotion de cette nature à  cause des inconséquences d'un adulte. Cependant, dès que son père commet la moindre action, il ne fait qu'accentuer la douleur qu'elle ressent. Exemple flagrant : pour justifier le fait d'avoir interrompu son hébergement et d'avoir fait le mort pendant des mois alors qu'elle était pendue au bout d'un clou à  l'attendre, il lui a prétendu dernièrement (au téléphone) qu'il l'avait laissé réfléchir... Je trouve ça extrêmement malsain, voire pervers, et honteux venant d'un adulte, de faire croire à  sa fille que la responsabilité de son silence et de sa totale absence de signes de vie lui incombe. C'est une torture mentale, inadmissible.

Nouvelle requête

Pour qu'elle puisse exprimer son mal-être et son désarroi à  quelqu'un ayant les compétences ad hoc, j'ai été obligée en ce mois de mai d'introduire une requête au tribunal pour solliciter une expertise psychologique de Louise qui ne veut plus retourner chez son père. D'une manière ou d'une autre, dans son intérêt, cette situation ne doit pas perdurer davantage. Et comme je ne peux prendre seule la décision de ne pas respecter ce qui a été établi par convention, je n'ai pas d'autre choix que celui de faire appel à  la justice et à  sa batterie d'experts de tous poils. Malgré que, suite à  mes déconvenues dans l'affaire qui m'a placé dans une situation inique, en raison de la décision prise par le tribunal pour répondre à  la demande de mon ex-belle-mère, j'aie perdu presque entièrement la confiance que j'avais dans les tribunaux. Et ce qui se passe aujourd'hui n'est malheureusement pas fait pour me tranquilliser ou les réhabiliter à  mes yeux. En effet, nous sommes en juillet et ma requête est toujours sans réponse. Or tant qu'aucun processus n'est enclenché, en vertu de l'ancien tour de rôles, Louise devrait être hébergée chez son père. Ce que, pour son bien, je lui évite provisoirement d'avoir à  respecter mais qui me mets en porte-à -faux vis-à -vis de la justice.

En synthèse

Je n'ai trouvé au tribunal que la lenteur des réactions, des rythmes pas du tout en adéquation avec les réalités en présence et la pesanteur de décisions étayées par un assortiment de lois qui visent davantage à  couvrir la personne qui les prend ou à  lui éviter la prise de risques qu'à  répondre véritablement à  un contexte relationnel spécifique. Cela incite à  penser que les juges ne lisent pas les dossiers, ou pas à  fond, et qu'ils se bornent à  appliquer des modèles généralistes pas nécessairement en accord avec les particularités auxquelles ils ont affaire. Pourtant, j'ai passé énormément de temps à  expliquer et à  me justifier, jusqu'à  en être éreintée pour en retirer, non pas la sensation de m'y retrouver ou d'avoir été entendue mais celle de sauver les meubles. Une dépense d'énergie considérable pour n'aboutir en finalité qu'à  une solution qui, au vu de la situation initiale, n'était que logique - quasiment du bon sens. Et j'ai le sentiment d'avoir eu de la chance de parvenir à  aboutir à  quoi que se soit. Par contre, les droits de Louise, je ne suis toujours pas convaincue qu'ils soient vraiment défendus. "